Le rapport de Bruxelles sur l'extension de l'ETS (Emissions Trading System) au transport maritime révèle une amère réalité pour les chargeurs, maillons faibles d'une chaîne où l'intention de verdir les océans se transforme en opportunité de profit facile pour les transporteurs maritimes.
Dans un contexte international tendu (géopolitique, conflits, catastrophes climatiques…) et en pleine mutation (règlementation, digitalisation, décarbonation, stratégies des compagnies maritimes… ), l'AUTF reçoit régulièrement des messages de la part de ses membres adhérents. Le bureau de la Commission Maritime de l'AUTF choisit ici de saisir et de diffuser l’humeur de l’un d'entre eux.
Avec son accord, voici son propos :
«
Encore une bonne blague : ETS maritime : la nouvelle vache à lait des transporteurs ?
Si la contribution des chargeurs à la décarbonation est NORMALE et ADMISE, le transfert intégral du coût de l'ETS aux chargeurs, et même la génération de revenus supplémentaires pour les transporteurs via des "surcharges ETS" disproportionnées, est inacceptable.
Le pire dans tout ça ? Le rapport de la Commission le met noir sur blanc : ces surcharges ne reflètent absolument pas le coût réel de leur mise en conformité ! Quand le coût véritable est estimé entre 7 et 10 euros, on nous facture de 20 à 30 euros par conteneur sur l'Asie-Europe du Nord.
Vous avez bien lu : jusqu'à quatre fois plus !
Et ce dans un contexte de crises et tensions déjà supportées par les chargeurs : Ukraine, Mer Rouge, grèves, stocks flottants plus importants générant des immobilisations financières agressant nos trésoreries, des lead time à rallonge, des services aléatoires et désorganisant nos efforts RSE.
Nous demandons de la transparence, afin d'assumer nos responsabilités, mais nous ne pouvons donner un chèque en blanc aux fournisseurs qui abusent de la situation et n'assument en rien les responsabilités qui sont les leurs.
Messieurs les transporteurs, l'ETS doit contribuer à nous inciter réduire les émissions, pas à engraisser vos marges sur le dos de la marchandise et du consommateur final. Il est temps que chacun contribue équitablement à la transition écologique.
Nous, Chargeurs, réclamons clarté, équité et la fin de ces "surcharges" à l'odeur suspecte. Travaillons ensemble au verdissement, mais ne travaillez pas à l'encontre de ceux pour qui vous transportez et in fine vous font vivre.
»
Article en lien avec le sujet AUTF - Rapport de la Commission sur le suivi de la mise en œuvre de l’ETS maritime : les conséquences financières pour les Chargeurs | AUTF