R-Pass en Alsace, projet d’écocontribution poids lourds en Région Grand-Est… quid pour les chargeurs ?
Un accroissement des coûts de transport pour les chargeurs qui se répercuteront, in fine, sur le pouvoir d’achat du consommateur final.
L’écotaxe alsacienne « R-Pass » a été votée à l’unanimité, et s’appliquera à partir de 2027 sur environ 200km d’autoroutes à raison de 15cts d’euro/km. Ce montant ne saurait être réellement dissuasif pour les camions étrangers en transit souhaitant échapper à la LKW-Maut (ecotaxe allemande), plus de 2 fois supérieure à ce jour. Quoi qu’il en soit, les trafics domestiques devront eux aussi supporter cette taxe. Cela concerne notamment certains chargeurs dont la localisation des sites implique d’emprunter l’autoroute, pour qui les impacts financiers seront très significatifs, pouvant affecter leur compétitivité. En effet, les transporteurs ne pourront pas assumer cette taxe qui sera alors intégrée aux prix de transport et les chargeurs seront, à leur tour, amenés à la répercuter dans leurs propres prix de vente.
En parallèle, la Région Grand-Est travaille sur le projet « d’écocontribution poids lourds », potentiellement sur les 440km d’anciennes routes nationales ou non concédées dont elle a repris la gestion suite à la Loi de décentralisation de 2022. Les concertations sont en cours et il s’agira notamment de définir le niveau de taxe selon les catégories de véhicules, les classes d’émissions, la pollution sonore, des critères temporels ou de congestion et les cas d’exonération.
Répondre au casse-tête du financement des infrastructures par la concertation
C’est en effet le défi réel à relever dans un contexte de finances publiques contraintes et d’un équilibre délicat entre Etat et Régions. Sur le principe, l’AUTF n’est pas opposée à une écotaxe mais… à certaines conditions.
Ces premiers dispositifs que sont le R-Pass et la future écocontribution poids lourds en Grand-Est sont-ils des laboratoires pour la définition ultérieure des modalités d’autres écotaxes ?
Si l’AUTF ne s’y oppose pas , elle s’attachera en revanche à défendre le principe de taxes simples, lisibles et prévisibles, homogènes sur le territoire national et qui garantissent des conditions équitables de concurrence entre les acteurs économiques au niveau français comme européen, dont la répercussion fasse l’objet d’une libre négociation entre transporteurs et chargeurs, et dont les recettes générées soient fléchées vers les infrastructures de transport.
Dans le cas du R-Pass, les recettes annuelles pour la Collectivité Européenne d’Alsace (CEA) sont estimées à 64M€. Ce montant, déduction faite des frais de collecte, n’offrira que peu de moyens pour améliorer les infrastructures routières, fluidifier le trafic et améliorer la sécurité entre Colmar et Selestat. Quant aux ambitions de la CEA de contribuer à financer également l’aménagement de capillaires ferroviaires pour le fret, et l’investissement dans des plateformes multimodales… elles laissent l’AUTF interrogative.
Les réponses viendront-elles lors de la conférence sur le financement des infrastructures et des mobilités qui devrait se tenir début 2025, annoncée récemment par le ministre des transports François Durovray ?
L’AUTF prendra, quoi qu’il en soit, sa part dans le débat, faisant de la performance des infrastructures une des clés d’une logistique efficace et décarbonée pour les chargeurs.