Depuis les récents événements en Mer Rouge, les chargeurs en contrat direct avec les compagnies maritimes, ou en relation contractuelle avec des commissionnaires de transport, reçoivent des notifications d'application de surcharges de diverses natures.
L’approche adoptée par les compagnies maritimes apparaît pour le moins étonnante : simultanéité des annonces de surcharges, similarité des montants, réponses de principe avec refus d’expliquer les montants de ces surcharges disproportionnés par rapport aux coûts réels, refus de négociations, voire rejets de bookings alors que des contrats sont en cours et que la capacité est disponible sur le marché spot. Si les compagnies maritimes ont pris pour habitude de facturer de telles surcharges, les pratiques constatées actuellement démontrent une fois de plus la position dominante dont elles jouissent sur le marché et dont elles avaient largement profité lors de la crise covid.
Les phénomènes de hausses simultanées et significatives des taux de fret spot, l’application de surcharges disproportionnées sont, objectivement, difficilement explicables dans un contexte de baisse des volumes et d’augmentation de la capacité offerte, qui devrait susciter davantage de compétition et de différenciation entre les compagnies maritimes. Ce que les observateurs qualifient de « discipline » des transporteurs doit faire l’objet d’une attention particulière des autorités de la concurrence.
Alors que les Supply Chains vont être à nouveau perturbées par la désorganisation dans les services engendrées par la situation actuelle, les chargeurs auraient pu s’attendre à plus de transparence et d’équité dans les relations commerciales avec les compagnies maritimes, déjà sévèrement dégradées pendant la crise covid.
Au vu des éléments précités, l’AUTF recommande aux chargeurs de retarder les appels d’offres autant que faire se peut ou de prévoir des clauses de révision à échéance de 3 ou 6 mois lorsque cette situation géopolitique aura évolué comme il faut l’espérer.
Elle appelle également les compagnies maritimes à pratiquer des taux de fret raisonnables et à respecter leurs engagements tout en garantissant un niveau de service et de visibilité les plus fiables possible.
Par ailleurs, l’AUTF attire l’attention sur le fait qu’il appartiendra aux compagnies maritimes de gérer les conséquences de ces évènements sur les opérateurs de terminaux, qui sont les cocontractants directs de celles-ci, et de s’assurer que les surcoûts engendrés dans ces terminaux ne retombent pas sur les chargeurs, ce qui constituerait une triple peine.
Enfin, l’AUTF alerte et appelle les pouvoirs publics français et l’Union Européenne à oeuvrer à une régulation plus importante de ce secteur.
Contact presse :
Jean-Michel GARCIA –
Tel +33 6 15 84 08 33